La couleur

 

Le thème étant très vaste, seules les couleurs-matière ou couleurs-pigment, utilisées en peinture seront abordées dans cet article*. Ce qui exclut d’en exposer les aspects physiques, sociologiques, symboliques ou historiques.

Dans ce blog comme lors des cours de l’école, le vocabulaire utilisé est propre à la discipline des arts graphiques. Aussi, vous trouverez dans la seconde partie de l’article, la définition de plusieurs termes couramment usités, certains ne sont pas développés ici.

* Les sources qui ont permis son élaboration sont citées en fin d’article.

Qu’est-ce qu’une couleur ?

la-palette-de-l'artiste

« Un tableau est essentiellement une surface plane, recouverte de couleurs, en un certain ordre assemblées » Maurice Denis (1870-1943) peintre du groupe des Nabis également décorateur, graveur, théoricien et historien de l’art.

La couleur permet de différencier deux objets de formes et de structures identiques. Ce n’est ni blanc, ni gris, ni noir. Le blanc et le noir sont les bornes de la gamme des gris neutres.
La couleur est aussi parfois confondue avec la tonalité. Par exemple dans un ton vert, il y a plusieurs couleurs vertes, plus ou moins claires ou foncées. Une couleur est unique.

Pour réussir une œuvre picturale, maîtriser l’utilisation et le mélange des couleurs est primordial. Initiation ou piqûre de rappel : voici les notions et principes de base à connaître.

Classification et relation entre les couleurs

L’ensemble des couleurs sont organisées sur le cercle chromatique, représentation schématique et ordonnée qui se compose des couleurs du spectre lumineux, des trois couleurs primaires, des trois couleurs secondaires, et des six couleurs tertiaires.

Le cercle chromatiqueCercle chromatique

Cercle chromatique selon Johannes Itten, Farbkreis (1961)

Johannes Itten (1888—1967) est un peintre et un enseignant suisse de la couleur et de la forme, il a créé des variantes du cercle chromatique déjà bien établi en peinture, suivant la tradition des artistes et des teinturiers, et les pratiques d’ateliers.

Le cercle chromatique .est une représentation schématique circulaire des couleurs primaires, secondaires et éventuellement tertiaires ainsi que des autres variantes. Il est un outil précieux pour trouver des combinaisons de couleurs en les situant les unes par rapport aux autres.  Il nous permet, par exemple, de repérer les couleurs diamétralement opposées aux couleurs primaires que l’on appelle les couleurs complémentaires ou secondaires, Les couleurs peuvent être classées en fonction de leur pureté colorimétrique.

On distingue donc :

Les couleurs primaires : rouge (magenta), jaune et bleu (cyan)

Les couleurs complémentaires ou secondaires : orange, vert et violet s’obtiennent en mélangeant les primaires entre elles.

Demoiselles d'avignon

Les demoiselles d’Avignon, 1907 ; une harmonie complémentaire entre le bleu (primaire) et sa complémentaire le orange. Le bleu tranche pour mettre en évidence les corps.

Les couleurs tertiaires : toutes les autres teintes, obtenues par mélange d’une primaire et d’une secondaire (indigo, turquoise, doré, vert clair, écarlate, pourpre).

Les couleurs neutres, qui sont au nombre de trois, ne sont donc pas représentées sur le cercle chromatique, ce sont le noir, le blanc, le gris.

La bande circulaire extérieure du cercle chromatique représente en les décomposant les couleurs du spectre. Les trois couleurs primaires sont dans un seul triangle au centre de la figure et les trois couleurs secondaires sont figurées par les trois triangles intermédiaires.

couleurs du cercle chromatique

Ces douze teintes sont appelées des couleurs pures ou franches.

En effet, elles ne sont dénaturées par aucun ajout de blanc, noir ou gris. Ce cercle se compose donc uniquement des versions les plus saturées de chacune des nuances existantes.

Le cercle chromatique est ensuite divisé en deux, les couleurs chaudes d’un côté, et les couleurs froides de l’autre.

couleurs froides et chaudes

Le cercle chromatique nous permet de mettre en évidence deux familles opposées : les couleurs chaudes et les couleurs froides. En effet, en fonction de sa position sur le cercle chromatique, chaque couleur a une certaine température et correspond à une association mentale particulière. Ainsi, les teintes chaudes (rouge, orange) véhiculent un message énergisant, extraverti et dynamique, tandis que les couleurs froides (vert, bleu) donnent une impression plus distante, sereine et mesurée.
Cette classification paraîtrait arbitraire si les couleurs de ces deux familles n’étaient mises en rapport avec les éléments naturels : le feu, la matière en fusion, le soleil / L’espace, le ciel, l’eau, l’élément végétal.

Les couleurs chaudes
Les couleurs vont du jaune au rouge-violet sur le cercle chromatique, c’est-à-dire : jaune, jaune-orangé, orangé, rouge-orangé, rouge, rouge-violet.
L’interaction des couleurs fait que par exemple un rouge peut paraître plus chaud s’il est placé à côté vert et plus froid s’il est placé à côté d’un orangé. Par ailleurs les teintes chaudes qui sont plus présentes font se reprocher le sujet.

Les couleurs froides
Les couleurs vont du bleu-violet au jaune-vert sur le cercle chromatique, c’est-à-dire : bleu-violet, bleu, bleu-vert, vert, jaune-vert.
L’interaction des couleurs fait que par exemple un jaune-vert peut paraître plus froid s’il est placé à côté d’un rouge et plus chaud s’il  est placée à côté bleu. Les couleurs froides comme un vert froid, un bleu, un violet donnent une impression d’éloignement.

Le vocabulaire des couleurs

Analogue
Il s’agit de couleurs proches dans le cercle chromatique.Par exemple :

couleurs analogues

Camaïeu
C’est un procédé de peinture utilisant plusieurs tons et valeurs d’une même couleur. En voici un exemple :

Camaïeu

Cercle chromatique ou roue des couleurs ou roue chromatique
Il résulte du travail d’Isaac Newton qui, au XVIIe siècle, découvrit que la lumière blanche venue du soleil peut se décomposer en une multitude de couleurs, celles de l’arc-en-ciel, et ensuite se recomposer. Mais c’est le cercle de Johannes Itten qui a gagné en popularité. Il sert aujourd’hui de repère pour trouver la bonne combinaison de couleurs.
En effet, Johannes Itten, peintre et enseignant suisse de Bauhaus a construit son schéma sur la base des travaux de ses prédécesseurs – physiciens, chimistes, psychologues et artistes. Il a réussi à regrouper toutes les théories existantes dans un système simple et logique.il sert de système d’ordre dans lequel les couleurs sont disposées en cercle et offre une orientation sur les compositions de couleurs.

Clair/obscur
C’est la distribution de la lumière, de l’ombre et des demi-teintes. On nomme aussi clair-obscur les parties d’ombre pénétrées de lumière. Lorsque des parties claires côtoient immédiatement et sans dégradé des parties très sombres, cela crée des effets de contrastes. C’est notamment le cas dans l’œuvre du Caravage.

madeleine_klainMichelangelo Merisi, dit Caravage, Madeleine en extase dite « Madeleine Klain », 1606 (?)

Complémentaires adjacentes
C’est la combinaison de 3 couleurs, dont les deux premières sont analogues (couleurs dominantes) et la troisième est complémentaire (couleur d’accent). Cette combinaison offre un contraste plus subtil que la combinaison complémentaire et est donc plus facile à gérer.
Contraste
Deux couleurs complémentaires juxtaposées forment des contrastes. Aussi, la connaissance des couleurs complémentaires, est fondamentale pour le peintre qui va composer un tableau qu’il ne veut pas soumettre au modèle de la nature, mais réaliser une œuvre avec une intention essentiellement esthétique.

Piet Mondrian

Peinture de Piet Mondrian

La palette de couleurs complémentaire peut offrir un contraste et un impact élevés.

couleurs contrastées

Dégradé
C’est le passage progressif d’une couleur à l’autre ou d’une valeur à l’autre.
Exemples :
Un dégradé d’une couleur à l’autre

tons-degrades-de-vert-3
Un dégradé du noir au blanc. Il est aussi un dégradé des valeurs foncées aux claires.

Dégradé-de-valeur-noir-au-blanc-300x75

Désaturation
Deux couleurs complémentaires mélangées l’une à l’autre se neutralisent ou se détruisent, il y a désaturation.

Luminosité
C’est la clarté de la couleur. En ajoutant du blanc la couleur s’éclaircit et inversement, le noir la ternit.

Monochrome
Il n’a qu’une seule couleur. La peinture monochrome est devenue une catégorie artistique au XX° siècle.

Yves Klein                     Yves Klein, 1928-1962, « Anthropométrie sans titre (ANT 84) »

période bleue P.PicassoPablo Picasso (25 octobre 1881 – 8 avril 1973)  durant sa période bleu, ici des monochromes de bleu qui accentuent l’atmosphère froide et dépouillée

Rabattue
On dit d’une couleur qu’elle est rabattue lorsqu’on lui ajoute du noir en plus ou moins grande proportion.

ton-rabattu-rouge

Rompue
Rompre une couleur, c’est la transformer en la mélangeant avec sa complémentaire. C’est faire disparaître son état pur, intense, saturé. C’est la ternir, la désaturer. On parle de couleurs rompues. Elle est souvent utilisée pour créer des ombres.

couleur saturée - couleur rompue

Saturation
C’est l’état de pureté de la couleur, la couleur à l’état brut. Plus l’intensité d’une couleur est forte, plus elle est vive ou foncée. Elle décrit la distance qui sépare les couleurs vives de leur décoloration complète, soit vers le noir, soit vers le blanc.
Les couleurs « fluo » en sont des exemples très saturés.

Spectre lumineux
Un spectre lumineux est l’ensemble des rayons lumineux de différentes longueurs d’ondes formant une palette allant de l’ultraviolet à l’infrarouge. Ce spectre peut être analysé en décomposant la lumière à travers un prisme.

Teinte
C’est ce qui est perçu en premier. Le terme « teinte » peut être employé de la même façon que le terme « couleur« , car les deux mots sont des synonymes.
Toutefois, dans le jargon technique de la peinture, le terme « teinte » fait plutôt référence à un mélange de couleurs.Le nombre de teintes possible est donc infini.
On retiendra donc, qu’une teinte est la nuance d’une couleur réalisée par le mélange de différentes couleurs, indépendamment de l’ajout de blanc ou du noir.

Tétradiques (couleurs)
La technique du rectangle (ou couleurs tétradiques) est le fait de choisir les 4 couleurs qui composent les arêtes d’un rectangle.

couleurs tétradiques2

couleurs tétradiques.3

Les couleurs tétradiques font référence aux couleurs réparties uniformément sur la roue chromatique. Cependant, il est difficile d’équilibrer plusieurs couleurs. Par conséquent, il est conseillé d’utiliser une couleur comme dominante tandis que l’autre comme accent.
Ton ou tonalité
Le ton ou la tonalité désigne le caractère d’une couleur ou d’une teinte en rapport avec la luminosité. Pour Chevreul, le célèbre spécialiste de la couleur, le ton est presque synonyme de Valeur.
Vous avez très probablement entendu l’expression « atténuer le ton ». En art, cela signifie rendre une couleur (ou une palette de couleurs globale) moins vibrante. À l’inverse, « tonifier » peut signifier faire ressortir les couleurs d’une pièce, parfois dans une mesure assez surprenante. Pourtant, le ton en art va bien au-delà de cette simple analogie.
Qu’est-ce qu’une couleur tonale ?
C’est la couleur locale modifiée par l’ombre et la lumière –> ton plus clair ou plus foncé.
Qu’est-ce que le ton général ou la tonalité d’un tableau ?
C’est la dominante colorée (couleur dominante).

Claude_Monet_Impression_soleil_levant

Par exemple : le ton général d’Impression, soleil levant, de Claude Monet*,  est le bleu. C’est la couleur dominante du tableau nuancée jusqu’au mauve. Le rouge-orangé est utilisé comme couleur tonique (c’est la couleur complémentaire du bleu).

*Peintre impressionniste ( 14 novembre 1840 – 5 décembre 1926)

Qu’est-ce que le ton local ?
C’est la couleur de base d’un objet : le ton local d’un citron est jaune, celui d’une cerise est rouge.Techniquement, c’est généralement la première couche de couleur en aplat sur laquelle on vient travailler le modelé en rajoutant d’autres nuances plus foncées représentant les ombres, et plus claires indiquant les lumières.

Triadiques (couleurs)
Un schéma de couleurs triadiques est plus simple à comprendre qu’il n’y paraît. Ce schéma de couleurs utilise trois couleurs réparties de manière égale sur le cercle chromatique. Par rapport aux combinaisons de couleurs complémentaires, les mélanges de couleurs triadiques sont généralement plus agréables à l’œil. Cela fonctionne bien si vous voulez jouer avec plus d’une teinte, mais que vous ne voulez pas faire autant d’effet qu’avec une paire complémentaire. Voici des exemples parfaits de combinaisons de couleurs triadiques : rouge, jaune et bleu; violet, vert et orange, bleu-violet, rouge-orange et jaune-vert.

Triadiques

combinaison de couleurs triadiquesUne telle combinaison offre un contraste élevé qui le rend audacieux et vibrant

Valeur
Elle désigne le degré de clarté ou d’obscurité d’une couleur. Le noir et le blanc sont ses limites. Le nombre des valeurs est infini entre ces deux limites. Pour voir la valeur d’une couleur, il suffit de plisser les yeux. Sinon imaginez l’image en noir et blanc.
On parle généralement de 3 valeurs principales : les valeurs claires, les demi-teintes ou mediums et les valeurs foncées.

En conclusion, cet article ne prétend pas être exhaustif. Aussi, pour aller plus loin ou élargir ses connaissances dans le domaine de l’art, la bibliothèque de l’école d’art André-Malraux propose au élèves un large choix d’ouvrages et des conférences sont proposées  en histoire de l’art.

Ouvrage : La couleur dans le dessin et la peinture de Daniel Lacomme édition Bordas
Sites :
http://e-cours-arts-plastiques.com
https://perezartsplastiques.com/2015/03/07/la-couleur-dans-lart/
https://www.futura-sciences.com