Lise Lalève, illustratrice


« – Lise, vos dessins sont à l’évidence le résultat d’un travail patient et soigné : comment procédez-vous ? Vous lancez-vous de façon impulsive dans un dessin ou bien suivez-vous toujours une certaine démarche ? Pouvez-vous nous montrer les étapes d’une de vos réalisations et avec quels outils vous travaillez ?
Avant toute chose, je réfléchis à la composition de mon illustration au travers d’un ou deux croquis préparatoires. Ils suffisent car j’ai la plupart du temps l’idée précise en tête mais je me laisse aussi aller ensuite, au fur et à mesure de mon dessin, à des changements et à beaucoup d’improvisations graphiques.
Je définis ensuite la taille de l’illustration en cadrant le contour, puis je dessine rapidement les éléments essentiels au crayon de bois

Toucans, dessin initial, crayon, de Lise Lalève

Toucans, dessin initial au crayon (Lise Lalève)

Je trace ensuite tous les contours majeurs à l’encre de Chine grâce à une plume à la pointe assez fine.

Toucans, tracé des contours (Lise Lalève)

Toucans, tracé des contours (Lise Lalève)

Vient ensuite le remplissage détaillé, ici réalisé au rotring taille 0,25 à encre de Chine

Toucans, étape intermédiaire (Lise Lalève)

Toucans, étape intermédiaire (Lise Lalève)

Toucans4site

et je finalise avec un aplat d’encre de Chine au pinceau pour recentrer les sujets principaux, qui sont ici les toucans .

Toucans, dessin terminé (Lise Lalève)

Toucans, dessin terminé (Lise Lalève)

– Environ combien de temps au total pour ce dessin ?

Cette illustration m’a demandé une dizaine d’heures de travail et elle mesure 19 x 32 cm (sans les marges).

Quand on vous voit dessiner il est évident que vous vous absorbez toute entière et avec beaucoup d’énergie dans cette activité … c’est une passion qui  a surgi récemment ?

D’aussi loin que je me souvienne, le dessin a été central dans ma vie. J’ai passé des heures à dessiner et adolescente j’ai voulu en faire mon métier, déjà. Mais la carrière artistique semblait trop hasardeuse à mes parents. Lorsque j’ai eu mon Bac scientifique option biologie écologie en poche, j’ai débuté des études de biologie, vite avortées car impossible de formater mon esprit au raisonnement scientifique. J’ai ensuite passé 3 années en formation d’assistante sociale, métier proche de mes valeurs humanistes et exercé une année, mais là encore, je n’ai pas pu trouver ma place au cœur d’une institution très  normée. Tout au long de ce parcours atypique, j’ai continué à dessiner, sculpter, peindre… seuls échappatoires (avec la musique) à un métier qui n’était pas pour moi. Ces années  m’ont confortée dans l’envie d’essayer de vivre de ma passion et je me suis lancée en tant qu’illustratrice à mon compte en septembre 2015.
Est-ce que vous astreignez à un travail régulier ou bien est-ce que vous attendez d’avoir une idée lumineuse ?
Je travaille quotidiennement afin de développer mon style, d’enrichir mes connaissances et techniques. Etant autodidacte, c’est toujours seule que j’ai approfondi ce travail d’illustrations, jusqu’à ce qu’en septembre 2015 j’intègre quelques cours de l’école d’art de Villeneuve-sur-Lot et y rencontre notamment Mme Sandrine LARDIT et Mme Christine VOJINOVITCH  ainsi que les élèves de leurs cours qui m’ont beaucoup soutenue, encouragée et  m’ont permis d’explorer de nouvelles techniques, de nouveaux médias au travers de sujets divers, toujours intéressants.
– Est-ce que vous privilégiez certains thèmes, certains sujets ?
J’ai développé mon style autour de l’envie de mettre en valeur dans mes illustrations la faune et la flore, qui sont deux autres de mes profonds fondamentaux. La nature est toujours au cœur de mon travail, qu’elle soit mêlée ou non à des éléments référentiels humains.
– Et vous avez visiblement le goût du détail ! Vous produisez un foisonnement d’indices , généreusement mis à notre disposition…

Toucans, détail (Lise Lalève)

Toucans, détail (Lise Lalève)

J’aime les détails, la finesse et plus les années passent, plus je tends à les développer. Je peux passer ainsi une trentaine d’heures en moyenne sur des illustrations format raisin, mais aussi jusqu’à 70 heures sur un format 110 x 75 cm. J’aime l’idée que la personne qui regarde une de mes illustrations voie de plus en plus de choses à mesure qu’elle découvre le dessin, que son œil se perde, s’égare, revienne en arrière et finalement la plonge dans un autre monde. J’ai un univers sensiblement  onirique, dans lequel l’imaginaire est roi. Pour autant, tout ce que je dessine est réaliste, dans le sens où l’on peut aisément reconnaître les éléments qui composent le dessin.
– Nous avons choisi comme fond d’affiche de notre première manifestation publique, votre très beau collage en couleur, représentant la villa Rapin, sur fond noir. Mais vous avez une préférence pour le travail en noir et blanc ?
– Le style que je développe depuis trois ans maintenant est axé autour du noir et blanc, dans une volonté de simplifier à l’extrême les tons et en même temps d’amener toute la complexité au travers du jeu avec les lignes et les points. Cela m’amuse beaucoup et m’offre un très vaste terrain de jeu graphique !
– Quels artistes sont vos modèles, dans quelle tradition vous situez-vous ?
L’artiste qui m’influence le plus est Gustave Doré, dont j’admire profondément l’œuvre. Je me suis souvent perdue aussi à contempler les tableaux d’Odilon Redon, qui nourrissent mon imaginaire mais aussi le travail de Tim Burton au travers de ses films ou ses dessins. Je m’intéresse également de très près au travail des artistes tatoueurs tels que Gaël Ricci, Alice Kendall, Alice Carrier et Sasha Unisex dont l’univers graphique et la qualité d’exécution me fascinent.
– Merci beaucoup Lise et  bonne chance ! Nous ne manquerons pas de suivre votre évolution et, d’annoncer une exposition de vos travaux; cela pourrait avoir lieu prochainement ?

Dès l’année prochaine, j’espère. Merci !

 

Vous pouvez déjà rejoindre Lise lalève  sur Facebook, ou regarder d’autres reproductions de ses dessins en cliquant ici vers sa page personnelle du site Trumblr.