Comme prévu.
Enfin, presque. Compte tenu de l’heure d’arrivée à Bordeaux, la première visite a été supprimée. Mais pas le repas. (Le repas c’est très important).
A 13 h 30, devant la cathédrale, Guy Poireau et Bérengère Mazurie ont harangué le groupe, pour présenter, plan à l’appui ce qui nous attendait dans la fameuse collection du chanoine Marcadé (et ce que l’on sait de cet étonnant prélat collectionneur) :
Au moins trois surprises qui justifiaient à elles seules le déplacement…
- quelques toiles d’un inconnu surnommé « le faussaire pathétique » (sic) qui a peint de faux tableaux dans le style primitif italien… et les a vendus au fameux chanoine. Certains détails permettent de distinguer ces faux en tant que tels. Il s’agit surtout d’anachronismes techniques, concernant la perspective, par exemple. Ici, les ellipses (l’assiette, le pied du verre et la surface du liquide) sont d’un exactitude géométrique trop parfaite pour le Quattrocento. le faussaire voulait trop bien faire, peut-être est-ce en ce sens qu’il est dit « pathétique ».
- La présence du fameux (et absolument authentique) Christ en Croix peint par le jeune Rembrandt. Cet inestimable tableau qui était à peine visible (distant et mal éclairé) dans l’église de Mas d’Agenais peut enfin être vu dans de bonnes conditions ici, où il est provisoirement en dépôt. Mais impossible de prendre une photo sans reflets : il est sous verre…
- Quelques authentiques primitifs italiens ..; par exemple cette « Présentation de la Vierge au Temple », attiribuée au peintre napolitain Roberto d’Oderisio (1330-1382), que le chanoine Marcadé avait probablement choisi pour illustrer son catéchisme (le contenu anecdotique de l’image) mais qui attire notre attention aujourd’hui par la coexistence des codes byzantins (les auréoles, le fond doré) et d’une tentative, très moderne pour l’époque de donner de la profondeur spatiale à représentation (d’où cet escalier envahissant, dont la perspective reste très incertaine)et des statues : Saint Georges et le dragon (la vidéo commence par la face de l’affreux dragon et se termine par le beau profil de Saint Georges)
Puis le groupe s’est rendu à la MECA. Le bâtiment lui-même attire l’attention. Il rappelle un peu la Grande Arche de La Défense, mais en plus tarabiscoté, plus d’angles et de plans coupés.. A l’intérieur, de grands espaces vides, de nombreuses parties cachées et une fois en haut, de superbes vues surplombantes et panoramiques, côté Gironde et sur la Ville. La terrasse est grande comme un terrain de foot…
Guy Poireau a présenté le grand tableau de Martial Raysse « Le carnaval à Périgueux » et rappelé la trajectoire esthétique étonnante de son auteur (passé du Pop Art des années soixante à la figuration ultra narrative et post-moderne). Quelques élèves de Françoise Pruvost, ont sorti leurs carnets de croquis (là comme à d’autres endroits de la journée…). Les moins jeunes prennent plutôt des photos.. et les très vieux des vidéos tremblotantes :
Bérengère Mazurie a donné toutes les informations utiles pour admirer la spectaculaire installation photographique de Pascal Convert, la « Falaise de Bâmiyân » (15 m de long, 1m 60 de hauteur). Une performance technique d’une éblouissante qualité, qui se déploie pour donner toute la mesure du drame qui s’est joué là, en Afghanistan, six mois avant les tours du World Trade Center. (rappel pour ceux qui auraient oublié : les talibans ont fait sauter à la dynamite les derniers Bouddhas géants sculptés dans cette falaise. Le plus grand mesurait 55 m de hauteur). Il est difficile de ne pas ressentir un sentiment de culpabilité devant ce témoignage de notre impuissance.